Concours d'animaux de boucherie A Torigni-sur-Vire - De la bête à l’assiette

Prix de championnat : meilleure génisse appartenant à l’Élevage Alain Rousselin (27) (© Acti-Ouest)

Pour cette huitième édition du festival de la viande, les organisateurs Laurent Binet et Daniel Hunger sont, pour le moins, satisfaits. « Nous sommes vraiment contents de la qualité des animaux présents, dans toutes les races, au-delà de ce que nous avions l’an dernier, même si nous estimons que le festival peut encore monter en puissance ». Satisfaits donc pour une manifestation qui compte jouer dans la cour des grands en 2014.

L’année 2012 va marquer un tournant dans l’histoire du comice agricole de Torigni-sur-Vire. En effet, les organisateurs entament une période d’audit de deux ans pour intégrer la Fédération nationale des concours d’animaux de boucherie de haute qualité. Cette étude se base sur l’organisation, la qualité et le nombre d’animaux présents, l’organisation ainsi que la commercialisation des bêtes primées. L’objectif est d’accroître la renommée du festival de la viande ainsi que d’augmenter de façon significative sa fréquentation.

150 animaux se sont parés de leurs plus beaux atouts pour obtenir la récompense suprême. L’effectif est un peu moins élevé que l’année passée puisque, d’une part, la race normande a été retirée de la sélection, les organisateurs s’expliquent  : « chez nous, elle correspond plus à un animal d’élevage et n’a pas vraiment sa place sur le festival de la viande ». D’autre part, même si aujourd’hui le festival attire des éleveurs de Basse et Haute-Normandie, de Mayenne et des Pays de Loire, un frein non négligeable empêche les organisateurs d’augmenter l’effectif. Le Gds (groupement défense sanitaire) de Normandie oblige la qualification Bvd par animal. Cette procédure, assez lourde à mettre en œuvre, dissuade certains éleveurs notamment des départements extérieurs. Laurent Binet annonce cependant une bonne nouvelle : « nous devons rencontrer le Gds en janvier?2013, pour assouplir cette obligation » surtout que les autres concours n’y sont pas soumis.

Les sections ne représentent pas plus de 10 animaux ce qui amène certaines catégories à être dédoublées voire plus. Les juges, réunis en six groupes de trois personnes ont en charge trois à quatre sections. Chacune des sections s’est vue remettre sept plaques dont un Grand Prix d’excellence, un Prix d’Excellence, un Grand Prix d’honneur et un premier Prix. Pour faciliter les ventes, un macaron est apposé sur l’arrière de l’animal. Il mentionne son classement afin de permettre une meilleure valorisation pour les engraisseurs. Cette année, le prix championnat meilleure génisse a été remis à l’Élevage Alain Rousselin (27) et celui du meilleur bœuf à l’élevage Marcel Harvard (61-Heusse)

Une vente peu dynamique

Sur les 150 animaux présentés, une centaine a seulement trouvé acquéreur. Coup dur de dernière instance : deux acheteurs assidus n’ont pu faire le déplacement sur le festival. Une absence qui a été d'autant plus difficile à pallier que les autres protagonistes comme les groupes Aim, Bigard, Socopa, Charal, Sva Jean Rozé auxquels il faut ajouter quelques bouchers, négociants ou groupements de producteurs, ont vu baisser leurs carnets de commandes mais avaient aussi des critères très ciblés en termes de régionalisation, d’animaux primés ou de tarifs d’entrée de gamme. La vente fut relativement correcte dans les animaux de classement standard avec une fourchette de 4,87 à 6,10?euros tandis que les difficultés de commercialisation étaient très prononcées dans les grands prix de championnat.

L'entrecôte d'or

Lancé lors de l'édition 2010, le concours de l'entrecôte d'or souligne la volonté des organisateurs d'amener des animations sur le Festival de la viande. Ils affichent ainsi leur souhait de valoriser le travail des artisans bouchers du département en leur proposant ce concours organisé en collaboration avec le Cirviande et le syndicat des bouchers de la Manche. Les lauréats reçoivent un diplôme qu'ils peuvent afficher dans leur magasin afin de communiquer autour de leur titre. La boucherie lauréate du Trophée de l'entrecôte d'or 2011 a vu ses ventes augmenter de 10 à 15?% lors des fêtes de fin d'année et les mois suivants.

Les dix membres de la confrérie de l'Entrecôte d'or sont des professionnels du monde de la viande : grossistes, abatteurs, restaurateurs et bouchers. Les deux entrecôtes présentées par chaque boucher participant à ce concours sont jugées en deux temps : crues et cuites. L'aspect cru valorise le grain de la viande et son état d'engraissement, tandis que l'aspect cuit permet d'apprécier la saveur et la tendreté de l'entrecôte. Une note de 1 à 5 est attribuée pour chacun de ces critères et l'addition des quatre notes permet d'établir le classement du concours auquel ont participé 19 bouchers du département.

Les animations de la journée

D'abord par un repas : 650 entrecôtes de 300 g issues de la filière "Qualité race normande" ont été servies, accompagnées de la traditionnelle teurgoule. Une nouveauté cette année : les organisateurs ont offert la 200 ^e, le 300 ^e et la 400 ^e entrecôte …et, encore mieux, deux repas à l'acheteur de la 501 ^e entrecôte. Le prix du repas reste inchangé à 15 €. Par ailleurs, un questionnaire sur le monde de la viande et un jeu consistant à deviner le poids d'une vache spécialement exposée sur le site ont permis aux participants de remporter deux places pour un match de football du Stade Malherbe de Caen.

Pas de manifestation de cette envergure sans soutiens financiers, à commencer par celui de la région. Florence Mazier, conseillère régionale manchoise, mais aussi agricultrice, estime qu’un tel concours permet d’expliquer à la population l’intérêt de manger de la viande de qualité, « d’impliquer tout le milieu rural sur un événement d’ampleur nationale, enfin il s’agit d’une journée vraiment conviviale ».

Même écho de la part de Philippe Gosselin, député de l’arrondissement de St-Lô. « C’est une vitrine pour l’agriculture du département. Cela montre l’intérêt de monter en puissance pour bénéficier de meilleures retombées économiques pour la ferme Manche ».

L’édition 2013 est d’ores et déjà en préparation. Il est vrai qu’il s’agira, là aussi, d’une année "test" avant que Torigni-sur-Vire soit inscrit dans les trente concours nationaux des animaux de viande, avec à la clé, une montée en puissance capable de rivaliser avec des manifestations comme Evron.

Pour en savoir plus sur le palmarès, cliquez sur : Palmarès de Torigni-sur-Vire Pour connaître les dates des concours d’animaux de boucherie, cliquez sur : Dates des concours d’animaux de boucherie